Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

joseph elie kahale

joseph elie kahale
Publicité
Archives
25 février 2008

Les Melchites

Les Melchites est une appellation donnée par les Syriaques Jacobites à ceux qui partagent les idées du Concile chalcédonien (1). Ce Concile a été organisé sous l'ordre du roi Marcien (450-457). Un grand nombre d'évêques étaient présent, venus particulièrement de l'Orient Chrétien dont 17 des pays arabes. Le but de ce Concile était de discuter, voire révoquer les instructions de Nestor, rénovées par Euychés. Le Concile a conclu à des décisions très importantes que le roi approuve. Alors que le Pape Léon encouragea seulement les décisions dogmatiques (2). 452 pères du concile approuvèrent ces décisions. Ceux qui ne rejoignirent pas ce point de vue sont les Jacobites ; ce sont eux qui appelèrent les précédents les melchites chalcédoniens. Les melchites sont donc en majorité ceux qui suivent les rites d'Antioche Syriaque et ont reconnu les décisions du Concile chalcédonien.

Agabios al-Manbiji al-Rumi, l'historien melchite, disait dans son ouvrage: "et le roi Théodose junior mourut et Marcien prit le pouvoir sur le royaume... C’est sous son règne que le 4ème Concile de Chalcédoine eut lieu. Sache mon frère melchite que les syriaques détestent ce roi" (3). Il dit plus loin "durant cette année, le roi de Perse cerna les habitants de la ville d'Edesse qui épousaient le point de vue melchite et les obligea à être jecobites" (4). Il dit aussi : "Héraclius vint à Edesse et ordonna aux chrétiens qu'ils reviennent au melchisme. Ce qu'ils firent. Seule une petite communauté resta jacobites" (5).

L'historien copte Ibn al-'Amid (6) dit : "Marcien ordonna l'interdiction de l'évêque Dioscore... Depuis, l'église se divisa en doctrine du roi Marcien (les melchites) et les jacobites selon la doctrine de Dioscore" (7). Alors qu'al-Rahawi dit au sujet de Jean Ibn Abdoun patriarche des syriaques jacobites (8): "quand six évêques et prêtres partirent à Constantinople, jean l'évêque de Myafarqine le melchite fut parmi eux (9). Alors que Ibn al-Rahib le copte écrit dans son "histoire" : "à l'époque du roi Marcien eut lieu le 4ème Concile de Chalcédoine durant la première année de son règne. 630 évêques étaient présents" (10).

Le philosophe Yahya b 'Adi disait : "les melchites enseignent que Jésus possède deux essence actuelle qui est l'homme" (11).

L'histoire démontre que les Melchites avaient des églises propres à eux et des patriarches. Yahya b. Sa'îd b. Yahya al-Antaki dit dans son ouvrage appelé "sirat tarikh Aotikiya" : "quant à la chaire d'Alexandrie, elle resta une année sans patriarche. La communauté chrétienne melchite d'Egypte choisit un moine de Musaysa qui s'appelait Isaac et habitait dans le désert de Sinaî" (12). Dans un autre texte, il cite le nom d'une des églises melchites en Egypte... Ils veulent dire par-là l'église Saint Michel des melchites (13). Il parle aussi de l'existence de monastères melchites "Dair al-Qasr", monastère melchite situé sur le mont al-Muqattam, construit sur le tombeau de Saint Arsène (14).

Durant les évènements de l'année 370H/980C, al-Antaki cite le nom d'une autre église melchite au Caire : l'église de

la Sainte Marie

(15).

A la venue de l’Islam, le mot melchite parut pour la première fois dans le sermon d'Omar Ibn al-Khattab à l'attention du pâtriarche de Jérusalem Sophronius le Damasquin et toute la communauté melchite. Ce sermon est une promesse où l'Islam s'engage à protéger les chrétiens melchites. Malheureusement, ce document a disparu, mais les historiens de l'Islam ont su conserver une petite partie de la grande histoire melchite.

Ibn Khaldun dit : "au sujet de leur croyance dans le Christ les chrétiens se divisent en plusieurs communautés. On y trouve les melchites, les jacobites et les nestoriens. Chaque communauté eut son propre patriarche. Le patriarche de Rome, qu'on appelle le Pape, est de l'avis des melchites" (16).

Ibn Hazm, lui, nous assure que "la meilleure des communautés est la melchite ; c'est la doctrine de tous les Rois chrétiens" (17).

Al-Biruni, dans "al-athar al-baqiya 'an al-qurun al-khaliya", les cite : "les chrétiens se divisent en plusieurs communautés. La première d'entre elles est celle des melchites qui sont les Grecs. Ils furent nommés ainsi parce que le roi de Byzance est de leur avis" (18).

On arrive enfin à al-Mas'udi qui dit vrai dans la majorité de ce qu'il rapporte des chrétiens en général, et des melchites en particulier. Il dit dans "mourouj al-zahab wa ma'adin al-jawhar" : "c'est le classement des Melchites. Ils sont le sommet et le pôle des chrétiens. Les orientaux dont les nestoriens et les jacobites sont leurs descendants" (19).

En fin de narration, il est important de signaler que le terme "grec" ne signifie pas que les adeptes de cette église soient d'origine grecque. Ils sont plutôt les adeptes de la nouvelle Rome, soit Constantinople. Ce mot est d'origine grecque, mais aujourd'hui, cette église s'appelle l'église grecque melchite catholique. Il est par contre préférable de supprimer le terme "grec" et l'appeler seulement l'église melchite, sans citer "catholique" car il n'y a pas d'église melchite orthodoxe, d'autant que nos frères orthodoxes ont renoncé à ce titre depuis 1724.

Il faut aussi citer que les Melchites utilisaient dans leurs prières l'ancienne liturgie syriaque d'Antioche. Avec le temps et la pression de Constantinople, ils remplacèrent leur liturgie par celle de Byzance. Le centre de leur chaire patriarcale était dès les premiers siècles chrétiens à Antioche. Mais au XIVème siècle, elle fut transférée à Damas où le patriarcat s'installa jusqu'à nos jours (20). Ils préservèrent malgré tout le titre de patriarche d'Antioche et de tout l'Orient.

Notice

1 - Le Concile chalcédonien est le 4ème Concile oecuménique, réuni en 451 sous l'ordre du Roi Marcien. Celui-ci demanda au pape Léon de présider l'ouverture. Mais le pape à inviter le pape envoya un représentant. Ce Concile est le premier dans l'histoire à inviter le pape à sa présidence. Ce geste institué devint par la suite une condition nécessaire à la légitimité de tout concile.

2 - A ce sujet voir les ouvrages relatifs aux décisions du concile.

3 - Al-Machreq: T.34, p.39.

4 - Agabios al-Manbiji : al-Muntakhab min tarikh al-Manbigi, Umar Abds-Salam,,p.34.

5 - Ibid.p.41.

6 - + 1273.

7 - Al-Machreq: T. 34,p.39.

8 - L'an 1004/1040.

9 - Al-Machreq: T. 34, p.38.

10 - Ibid p.39.

11 - Youssef Warda : Kitab al-chouheb al-sobhia fi-l-kanisa al-masihiyyap.68.

12 - Tarikh al-Antaki : p.40-41.

13 - Ibid, p.95.

14 - Ibid, p.282

15 - Ibid, p.463-464.

16 - Ibn Khaldun : al-Muqaddima,p.292.

17 - Al-fast fi-l-milal wa-l-ahwa' wa-l-nihal, T.I,p.110.

18 - Al-Biruni...p.288.

19 - Mourouj...T.I,p.109

20 - Habib al-Ziyat précise dans son ouvrage "les grecs melchites en Islam" que durant l'année 1322 eut lieu le transfert définitif de la chaire patriarcale d'Antioche à Damas. Il se base en cela sur le témoignage de al-Siqa'i, T.I,p.84.

Bibliographie

1 – Al—antaki Yahia ben Saïd : Tarikh al-Antaki, (l’histoire de l’Antaki) Liban 1990

 

2 – Al-Biruni Abu al-Rihan : al-athar al-bakiyya an al-kurun al-khlia, (le reste de notre histoire) Liban, non daté.

 

3 – Ibn Hazm : al-fasl fi-l-milal wa-l-ahwa’ wa-n-nihal, Liban, non date.

 

4 – Ibn Khaldun : tarikh Ibn Khaldun, (l’histoire d’Ibn Khaldoun), Dar el-fikr, 3ème edition,

Beyrouth, Liban, 1988

 

5 – Al-Masudi (les prairies d’Or) Mouruj al-zahab wa ma’adin al-jawhar, revu et corrigé par Charles Pellat, sept volumes, Beyrouth, Liban 1966-1979$

 

6 – Al-Manbiji Agabios, al-MuntaKhab min tariKh al-Manbiji, présente par Umar abd

El-Salam tadmoury, Tripoli-Liban 1986

 

7 – Warda Youssef : kitab al-chouheb al-sobhia fil kanisa al-massihiya, (l’histoire de l’église chrétienne), Egypte, 1901.

 

8 – Al-Zayat Habib : al-Rum al-malakioun fi-l-Islam, (les grecs melchites dans l’Islam), Vol. I, Harissa, Liban 1953.

 

9 – Al-Machreq T.34

Publicité
Publicité
19 janvier 2008

Article du Journal El-Jamahir sur le "Le Soufisme" (en Arabe) le 5 Juillet 2006

19 janvier 2008

Article de Journal Teshreen sur le livre "Le Soufisme" (en Arabe) le 14 février 2006

19 janvier 2008

Présentation du Blog

Joseph Elie KAHALE est né à Alep - Syrie en 1958.
Il a effectué ses études universitaires de philosophie et de théologie en Italie puis au Liban.
Il a enseigné tout d’abord au Liban, puis en 1984 il s'installa en France où il s'est spécialisé en « Philosophie arabes chrétiens a l’âge d’Or de l’Islam », et en «  Histoire de l’Eglise Melchite d’Antioche », et en «  Soufisme Islamique ».

Il est l’auteur des livres suivants :


1. Les Patriarches de l’Eglise Melchite (les melchites) d’Antioche depuis 1724, ''Paris 2000.''

2.  Abdalah Zakher, fondateur de la première imprimerie du monde arabe, édité en 1ère édition à Paris en 2000 et en 2ième édition à Alep (Syrie)en 2006.

3.  Introduction à l’histoire de la congrégation des Pères Choueirites, Paris 2002.

4. Le Soufisme et ses grands maîtres spirituels, Paris 2001 / Paris 2002.

5. Le Soufisme et l’Amour Divin, Paris 2002.

6. Abdalah Zakher, fondateur de la première imprimerie du monde arabe, Alep - Syrie 2002 / Alep - Syrie 2006, (Livre en Arabe).

7. Le Soufisme Islamique, histoire et maître, Damas - Syrie 2003, (Livre en Arabe).

8. Histoire de l’Eglise Grec Melkite à Alep, Alep - Syrie 2005 (Livre en Arabe).

9. Le Soufisme Islamique, source et maître, Damas - Syrie 2006, (Livre en Arabe).

10. Le Patriarche Macaire Za’im Alep - Syrie 2007, (Livre en Arabe).

Et également de nombreux articles paru dans différent revue ( en Français et en Arabe)
Vous pouvez m'écrire sur mon adresse e-mail : ecrivainkahale@yahoo.fr

Publicité
Publicité
Publicité